mardi 27 février 2018

The Mud Day 2017


Qu’est-ce que la Mud Day ?

L’évènement The Mud Day est une course d’obstacles dans la boue, inspirée du parcours du combattant militaire.  Elle a lieu dans plusieurs villes de France, à chaque ville le parcours est différent, les obstacles se renouvellent à chaque session. Vous avez très peu de chance de faire le même parcours deux fois de suite. Les nombreux partenaires de cette course permettent des obstacles inattendus comme le bassin d’eau froide (pour ne pas dire gelé) de Columbia. Je parle dans cet article de mon expérience à l’évènement du 8 avril 2017 sur le site de Peyrolles en Provence.
 


Évènement : Course d’obstacles
Distance : 13 km
Type : Pro (Vague Chrono) / Fun (Vagues normales) – Solo ou en Groupe
Tarifs : à partir de 55 €



Organisation de l’évènement et personnelle

Le lieu est facile à trouver, le parking payant (10€ tout de même si la voiture n’est pas pleine, ils favorisent le co-voiturage), néanmoins des navettes pourraient être mise en place pour l’évènement. Le Mud Village est plutôt bien organisé, les stands sont faciles d’accès. Seuls bémols relevé pour moi, pas de papier dans les toilettes ce qui peut être assez problématique et le manque d'ombre.



Je pense qu’un « Sam Mud » est une bonne idée, pour deux choses : après cet effort physique (ayant brulées 3 000 calories je sais de quoi je parle) vous êtes KO ; votre corps a besoin de sucre, de protéine et d’être réhydrater. Vous pouvez taper une sieste sur le village, vous serez tellement fatigué que la musique ne vous gênera pas. Deuxième raison, à l’arrivée on vous donne de la bière : déshydratation + alcool + rythme cardiaque élevé = ça monte direct à la tête. Un « Sam Mud » pour vous ramener tranquillement chez vous pendant que vous ronflez dans la voiture c’est bien aussi !


 Voici ce que j'ai emporté dans mon sac pour cette compétition, c'est aussi le minimum que je conseille:

- Bouteilles d’eau
- Collations protéinées
-Repas (sandwich, fruits, …) sinon Plan de Campagne n’est pas très loin pour vous faire un cheat !
- Vêtements de rechange
-Serviette qui ne craint plus rien
- Sac poubelle pour vos fringues sales
-Bidons d’eau pour vous rincer car les douches sont prises d’assaut
-Crème solaire
-Trousse de soin (antidouleur, anti-inflammatoire, pansement, crème,…)
-Papier toilette / mouchoir


Dans cette compétition on devient rapidement stratégique, à part les personnes qui y vont déguiser en Spiderman ou danseuse à tutu ! La tenue a une importance non négligeable en plus de vos entrainements, sommeil et alimentation.  Le coton pèse lourd une fois mouillé, un pantalon qui vous va, vous tombe, on a très chaud,… Quand on me demande d’expliquer la Mud day, je donne l’image d’une machine à laver. On vous fait courir, on vous salit, on vous trempe dans l’eau froide, on vous fait sécher, on vous resalit, on vous retrempe ! Le site de la Mud day vous donne des conseils sur le kit vestimentaire, voici ma tenue :

-Maillot de bain une pièce (jamais trop prudent sur un obstacle d’un déchirement de pantalon ou de t-shirt)
-T-shirt manche longue pour éviter les égratignures
-Legging simple premier prix
-Débardeur fluo synthétique par-dessus le t-shirt pour se repérer dans la foule
-Veilles baskets de course à pied
-Brassière qui plaque premier prix
-Chaussettes rembourrées
-Culotte bien moche qui ne crains plus rien
-Une paire de gant premier prix



Il y a quelques précautions à prendre comme : enlever les bijoux, les piercings, vérifier vos vaccins (tétanos), ne pas porter de lentilles de contacts, s’attacher les cheveux bien plaqué (avoir un élastique de secours). Un certificat médical est obligatoire et à ne surtout pas oublier y compris vos papiers d’identité et convocation pour le jour J, sinon : pas de participation.


Ma préparation

J'ai réalisé un montage vidéo de ma préparation pour la Mud Day, cliquez sur le lien pour voir Ma Préparation 






Je vous raconte…

Après une nuit où je n’ai quasiment pas dormi et vérifié mainte fois mon sac, je me suis rendue à pied chez une amie qui m’a emmené sur Peyrolles, par sécurité car on ne sait jamais. J’aurai pu me blesser et devoir laisser la voiture sur place, etc. Sur le route, plus je voyais les panneaux annoncer la ville plus mes intestins se foutaient de moi. Arrivées sur place, paiement du parking en herbe non tondues et boueux, je me rappelle du regard que mon amie m’a lancé quand elle a compris que ça Seat blanche allait rouler dans ce sol marécageux. Une fois garées on a entrepris une exploration du Mud Village, récupérer mon enveloppe où il manquait les épingles pour accrocher mon dossard à mon t shirt. Puis nous sommes retournées à la voiture où j’ai pu m’équiper tranquillement. Ensuite nous sommes partis à la recherche de personnes inscrites aux mêmes cours de cross que moi, qui eux se sont inscrit en équipe, on s’est arrangé pour passer ensemble. J’ai admiré la vague Chrono, vraiment stupéfaite de leur technique comme : ne pas ramper sous les barbelés mais rouler, etc.

Notre vague est appelé pour l’échauffement, échauffement assez fun et qui nous fait rouler dans une flaque de boue histoire d’être dans l’ambiance. Ensuite nous sommes appelés dans le sas de départ où nous écoutons les organisateurs qui nous rappellent les règles, les points de ravitaillements et autres informations utiles. C’est parti ! Le troupeau peine à démarrer car on attaque direct pour une montée et courir serrés comme des sardines c’est compliqué, à partir du premier kilomètre les personnes courent par vitesse et on s’espace de plus en plus.



Pour moi l’enjeu est réel. Cette course, je l’ai préparé, j’en ai rêvé pendant un an. Elle est ma revanche, un vrai symbole et je comprends que mes collègues de course ne comprennent pas mon sérieux et ne partagent pas mon point de vue. Ayant été blessée* pendant ma préparation et connaissant mon point fort d’endurance je m’économise car je sais que la route est longue, je finis par perdre le groupe du cross mais peu importe je me suis inscrite seule, j’étais préparée à la faire seule. Il fait chaud, très chaud, j’ai soif, les cailloux roulent sous mes baskets mouillées. Les crampes commencent à arriver en plus de ma blessure au talon, quelle soulagement de traverser le lac, l’eau est si froide que je ne sens plus la douleur, mes crampes se dissipent instantanément, l’eau me porte et je profite de ne pas sentir mon poids sur mes jambes.

*Cette blessure s’est avérée 9 mois après être un virus attrapé à la piscine municipale qui nécrose la peau, j’étais infecté au talon donc je vous laisse imaginer ma douleur à chaque pas. Une chirurgie a été nécessaire ainsi qu’un traitement, maintenant c’est qu’un mauvais souvenir mais qui a eu une grosse répercussion dans ma vie...

Premier obstacle suspendu, j’ai une appréhension de chuter dans l’eau ne connaissant pas la température de ce bassin mais surtout la profondeur. Chose que l’on craint, se produit. Je chute, le niveau de l’eau est à ma taille donc ça va. J’entends mon amie qui crie mon prénom car je suis près du Mud Village, ça me donne une force soudaine et je continue ma route. Je me répète chaque seconde « Céline, tu t’es entrainée pour ça, tu vas y arriver ais confiance tu peux le faire. On a dit : 3 tentatives max par obstacles pour ne pas s’épuiser, l’important c’est de franchir la ligne d’arrivée, peu importe le temps », je regarde ma montre Polar qui affiche 192 pulsations, c’est mon rythme normal de course à pied, on continue. 

La distance entre les obstacles s’allonge, je me fais doubler mais peu m’importe je suis dans ma bulle. Enfin les voilà : les montagnes de boue. Un immense embouteillage, les organisateurs me demande de contourner l’obstacle car trop de monde pour éviter les accidents, mais il n’en est pas question. Déjà car je suis là pour tous les faire et que j’ai payé assez cher pour me taper les obstacles que je souhaite. Je plonge, cette boue est vraiment bizarre, on flotte à l’envers. Je garde les distances des gens qui tombent car oui si quelqu’un vous tombe dessus vous êtes sous la boue on ne vous voit pas. Je regarde et j’apprends, je regarde surtout ceux qui chutent pour ne pas faire pareil car je suis seule et je ne peux pas faire de chaine humaine sauf si des personnes se proposent de m’aider. Ce qui a été le cas sur d’autres obstacles où j’ai failli tomber d’au moins 3 mètres de hauteur, un grand moment d’émotion avec cette équipe que je remercie encore. Je décide de passer par les extrémités des montages car la boue est plus sèche. Au fur et à mesure que j’avance, je croise les collègues du cross en chaine humaine, quelques minutes plus tard me voilà sortie de ces montagnes. Je trouve une branche et enlève le maximum de boue de mes chaussures et décide de les attendre. Les minutes passent et une voix me dit « t’ont-ils attendu ? », la réponse est non alors je décide de poursuivre.



Plus loin une autre équipe m’aide lorsque je suis prise d’une crampe au mollet en très mauvaise posture, en équilibre sur un tuyau entre deux « piscines » de boue. Ils me tiennent et un manipule mon mollet pour faire passer la crampe. Encore une fois je suis émue de cette solidarité spontanée. La fatigue et la douleur se font sentir un peu plus à chaque mètre, le soleil tape fort dans le sud.  Je croise peu de personnes et arrive à des obstacles spécifiés « entre aide ». Après trois tentatives pour franchir en mur bien trop haut pour moi, je pousse un cri de rage et décide de renoncer et de faire le tour, mais un jeune homme me rattrape. Il avait déjà passé l’obstacle et il est revenu sur ses pas pour m’aider à le franchir à mon tour. 

J’ai l’impression ne pas en voir la fin, quelques spectateurs par ci par là qui regardent et commentent nos passages. J’avoue que les voir boire et manger en vous regardant n’est pas agréable. J’arrive au fameux bain d’eau glacée. Je me dis « Focus, tu ne réfléchis pas, tu passes ». Aussitôt les pieds dedans, mon corps ne m’appartenait plus, j’ai voulu me dépêcher mais une autre participante à commencer une crise de panique dans le bassin. Je suis allée la rassurer en lui disant que je lui tiendrai la main le temps qu’elle passe, mais cet échange a duré trop longtemps pour mon corps. Elle est passée et a fait un malaise de l’autre côté, quant à moi je ne sentais plus mes doigts, mes lèvres étaient bleues et je me sentais partir bientôt alors j’ai rebroussé chemin et les participants mon aidé à sortir. J’ai contourné le bassin et marché le temps d’être sûr que mon cerveau remette tout en ordre, ma montre a fini par afficher un rythme correct et j’ai repris la course.


Ça y‘est, j’y suis, la fin. Je sors d’un tunnel et cours vers les fils électriques. Je sais que c’est le dernier obstacle, je vois la ligne d’arrivée, les médailles, le staff qui hurle, la musique, mais la seule chose que je ressens c’est de la douleur dans tout mon corps et l’idée de me prendre des coups de jus me panique un peu. Mais j’y vais, je me dis qu’au pire je tombe. Après quelques décharges je peux le dire : je l’ai fait ! Le staff me remet ma médaille, je ne suis plus qu’un corps traversé par de multiples émotions en même temps : joie, soulagement, fierté, souffrance, tristesse,… Cette aventure aura duré 3h47.




L’accomplissement d’une promesse que je me suis faites, le vrai parcours du combattant que j’ai fait n’est pas la Mud Day mais le chemin qu’il m’a fallu faire pour arriver jusqu’ici.


Il y a les jours d'après la mud ! Mon corps m'a dévoilé des surprises: coup de soleil sur le visage avec les marques des faux tatouages sur les joues, des bleus de tailles et formes différentes:


A travers cet article je veux vous montrer que peu importe notre poids et notre niveau on peut faire des choses dont on ne pensait pas capable. Quand j'ai commencé la course à pied je n'imaginais pas en arriver là, la persévérance est la clé du succès. Je n’ai plus de mots pour vous décrire cet évènement, je vous remercie de m’avoir lu. Ma prochaine Mud Day a lieu le 5 mai 2018 avec une abonnée instragram avec qui je suis devenue amie Sabrine, j’ai hâte de partager cette expérience avec elle !